Pour être honnête, je n’avais pas évalué l’ampleur de la tâche.
Evidemment je savais qu’il ne s’agissait pas simplement de mettre Kiki sur Loulou mais j’étais loin de me douter que j’aurais besoin d’être à la fois médecin, sage femme, généticienne, éducatrice, nutritionniste, psychologue, commerciale, graphiste, photographe et j’en passe!
En effet l’élevage c’est une formation en continue! Mais c’est avant tout une passion, une passion pour la race qu’on élève. C’est pourquoi un bon éleveur ne reproduit qu’une seule race, deux tout au plus.
La sélection selon moi ça veut dire une approche rigoureuse sur la santé, quelle soit mentale ou physique, la beauté c’est le petit plus pour parfaire notre sélection.
Pour faire une bonne sélection, il est indispensable de bien connaitre les pedigrees. C’est à dire de longues longues heures à étudier et lire des pedigrees afin de calculer le taux de consanguinité qu’on est prêt à accepter selon le profil.
Et bien souvent on se dit « hourra j’ai trouvé THE mâle pour ma femelle » mais voilà que le chien en question est porteur d’une maladie, ou que finalement sur une autre photo ou vidéo on s’aperçoit qu’il a le jarret inversé, ou encore qu’il est tellement asocial qu’il est cloisonné entre 4 murs.
Alors on recommence et quelques fois, même quand toutes les conditions sont réunies, il se peut que le mariage soit décevant car n’oublions pas, nous travaillons avec du vivant!
Une bonne sélection ne peut se faire sans l’aide et la transparence des autres éleveurs. J’ai la chance d’élever une race dotée d’un caractère tellement particulier qu’il faut bien être un passionné pour vouloir en élever. Ainsi le rigoureux travail des anciens a été préservé jusqu’ici. A nous, les nouveaux de poursuivre ce travail avec la rigueur et les nombreux échecs que cela implique.
Il n’est pas toujours facile de jongler entre bonne sélection et bien-être du chien.
Par amour des chiens et de mes chiens qui sont avant tout ma famille, j’ai fais le choix de garder tous mes chiens et me limiter à un petit nombre de chiens afin de pouvoir consacrer du temps, chaque jour avec chacun d’eux et pour le restant de leur vie.
Mais par passion pour la race j’ai dû aussi écarter certain de mes chiens de la reproduction.
Je me suis formée longtemps avant d’avoir ma première portée, j’ai dû regarder les copains réussir pendant que j’espérais impatiemment voir naître mes premiers chiots. J’ai des-fois vu des élevages s’ouvrir sans nul formations avec des chiens qui n’auraient jamais dû reproduire. Au final, l’élevage c’est beaucoup de recherches, de perfectionnement, d’échecs et de remise en question mais aussi beaucoup d’amour de joie et de belles rencontres.
Je ne vend pas des chiots, je vend le fruit de mon travail.
